Abbou: Une purge s’impose avant l’organisation d’élections anticipées
Mohamed Abbou, fondateur du Courant démocrate et ancien ministre, était, ce jeudi, l’invité de Midi Show pour commenter les mesures prises par le président de la République, le 25 juillet dernier.
Il a expliqué que le recours à l’article 80 de la Constitution a été imposé par une ambiance générale envenimée qui ne permettait aucune réforme. "Nous étions ainsi dans une route sans issue. Le président de la République, juriste de formation, sait très bien ce qu’il fait. En optant pour l’application de l’article 80 il fait le choix des grandes mesures. Mais il faut aussi éviter les dérives", a-t-il averti.
Pour Abbou, cette période exceptionnelle est propice à l’ouverture des dossiers qui trainent aux ministères de l’Intérieur et de la Justice. "Les dossiers de la corruption ne parvenaient jamais aux chefs de l’Etat. Par exemple, Hichem Mechichi coopérait avec le mouvement Ennahdha dans ce genre de dossiers ainsi que certains fonctionnaires qui se trouvent dans un grand nombre de ministères. Pour la justice, les magistrats évitent encore les dossiers dans lesquelles sont impliqués des personnalités politiques. Pourtant, Kais Saïed a appelé à plusieurs reprises à l’application de la loi et au traitement sur un même pied d’égalité tous les citoyens. Il a fait un dernier rappel hier", a-t-il noté.
Mohamed Abbou a indiqué que les réformes commencent par l’ouverture des dossiers mais sans tomber dans le piège d’une justice expéditive. "Il faut du temps avant que la justice ne rende ses verdicts. C’est, également, l’occasion aussi d’enquêter dans l’affaire de l’enrichissement de certains magistrats, députés et d’autres personnalités politiques. Je ne parle pas d’un enrichissement après plusieurs années de travail mais d’une fortune amassée en l’espace de quelques mois. Les services de sécurité et de renseignement peuvent travailler rapidement sur ces affaires. Mais avant ceci, il faut aussi commencer par un nettoyage au sein même de la magistrature, car certains juges n’ont rien à faire dans ce domaine. Ces mesures doivent, à mon avis, mettre un terme au banditisme de certains qui défient l’Etat depuis des années. Actuellement, certains magistrats ont opté pour les dossiers faciles comme ceux qui concernent certains députés. "Mais les parrains de la corruption circulent encore librement et ils n’ont pas été inquiétés jusqu’à présent", a-t-il dénoncé.
L’invité de Midi Show a estimé, également, qu’après le passage de 18 jours depuis la prise des mesures exceptionnelles, le président et ses conseillers sont appelés à accélérer leur rythme de travail. Abbou a indiqué que le président de la République est en train d’agir dans le respect de la Constitution. "Mais toucher à ses textes n’est pas accepté. Il faut commencer par une grande purge avant de retourner à la situation d'avant le 25 juillet 2021. Il y a un problème politique car le Parlement actuel ne peut plus fonctionner. Il faut donc agir dans les limites des textes pour permettre sa dissolution. En l’absence d’une Cour constitutionnelle, le président a une liberté d’interprétation des textes de la Constitution. Il faut prendre aussi en considération le fait qu’il y aura des élections anticipées. Mais avant il faut encore nettoyer la scène politique et poursuivre ceux qui ont commis des dépassement comme Ennahdha et Qalb tounes et d'autres qui ont exploité des médias à des fins politiques et qui ont reçu des financements étrangers, sans être inquiétés".
Pour l’invité d’Elyes Gharbi, les premiers signes de réforme commencent par la mise à l'écart des fonctionnaires qui ont collaboré avec le système mis en place par Ennahdha et ses partenaires. "Il faut, surtout, remettre le pays sur le droit chemin en redonnant à l’administration sa place. Il est à noter qu’Ennahdha n’est pas l’unique parti impliqué dans la corruption, mais il s’agit du parti leader dans ce domaine, suivi de près par d’autres formations politiques".